Situation
Les enfants d’un vieillard frêle ont contacté l’Ombudsman des patients pour exprimer leurs préoccupations concernant les discussions qu’ils ont eues à propos de la planification du congé d’hôpital de leur père à la fin d’un long séjour. En raison de la nature des problèmes de santé du vieillard, il était peu probable que l’état de santé de celui-ci s’améliorerait. Par conséquent, il avait besoin d’être placé dans un foyer de soins de longue durée (FSLD).
Le planificateur des congés de l’hôpital et le coordonnateur des services de santé du réseau local d'intégration des services de santé (RLISS) ont dit aux enfants qu’une demande de placement dans un FSLD ne pouvait être amorcée pendant le séjour de leur père à l’hôpital. Le processus de demande ne commencerait qu’au moment où leur père serait dans un environnement de soins transitoires. De ce fait, l’hôpital a attendu que les emplacements de soins transitoires confirment qu’ils n’étaient pas en mesure de prendre en charge les soins assidus du vieillard pour autoriser le processus de demande de placement dans un FSLD. La recherche d’un emplacement adéquat de soins transitoires ayant duré plus d’un mois a suscité des inquiétudes chez les enfants, puisque leur père aurait pu être inscrit sur la liste d’attente pour un lit dans un foyer de soins de longue durée. La famille a reçu en même temps la trousse de placement dans un FSLD et un formulaire les avisant de la politique de l’hôpital stipulant que le refus de la première offre de lit dans un FSLD entraînerait la facturation du tarif journalier de l’hôpital.
Ce que nous avons fait
L’Ombudsman des patients a contacté l’hôpital afin de discuter des préoccupations de la famille et a demandé les documents justificatifs. L’hôpital a reconnu que les patients ont le droit d’entamer le processus de demande pour un FSLD alors qu’ils sont hospitalisés et s’est excusé si ses échanges avec les enfants du vieillard ont semé la confusion. L’hôpital a expliqué que sa politique connexe au premier lit offert ne concerne que les offres de lit du FSLD choisies par le patient et sa famille et a convenu que ses échanges ne contenaient aucune précision à ce sujet. L’hôpital a prévu un examen du formulaire afin d’apporter des clarifications à ce sujet.
À cet égard, au cours de la troisième année, l’Ombudsman des patients a reçu plus de 30 plaintes de la part de soignants et de patients portant sur des communications ambiguës à propos du placement dans un FSLD à partir de l’hôpital. Plusieurs personnes ayant été informées qu’elles ne pouvaient pas entamer une demande de placement pour un FSLD pendant leur hospitalisation ont manifesté leurs préoccupations sur ce point.
La philosophie « Chez soi avant tout » a été lancée il y a presque une décennie en Ontario. Chez soi avant tout constituait un écho face à la prise de conscience croissante à propos de la tenue courante de discussions avec les patients hospitalisés sur le placement en FSLD avant même d’avoir étudié les autres options, y compris le retour à la maison accompagné de soins à domicile. Certes, cette philosophie visait à réduire la pression sur la capacité des hôpitaux et la capacité restreinte des FSLD, mais la protection de l’intérêt des patients constituait une de ses pierres d’assise. Chez soi avant tout a été conçu dans l’intention d’éviter les placements en FSLD inadéquats ou hâtifs et pour assurer que les patients et les familles comprennent qu’attendre dans un hôpital pour le placement dans un FSLD n’incarne pas une solution convenable pour la santé et le bien-être d’un patient, en plus d’imposer un fardeau sur le système de soins de santé. L’approche Chez soi avant tout n’a pas été créée dans le but de dresser une barrière pour les patients ayant évidemment besoin d’un placement en FSLD et lorsqu’il n’existe aucune autre option sécuritaire de congé d’hôpital.
L’Ombudsman des patients est conscient du fardeau qu’assument les hôpitaux en ce qui a trait à l’équilibre entre la nécessité de planifier des congés sécuritaires pour les patients prêts à recevoir un autre niveau de soins et le besoin de libérer des places en vue d’accueillir des patients exigeant des soins actifs. Néanmoins, il importe de reconnaître le caractère indispensable d’une communication claire et précise avec les patients et les membres de leur famille. Des propos ambigus, inexacts ou propres à induire en erreur provoquent une résistance chez les familles, ébranlent leur confiance et pourraient entraîner des délais superflus dans le processus de planification des congés. Il importe également que les hôpitaux et les RLISS s’assurent que leurs communications et leurs politiques sont conformes à la loi et ne limitent pas les droits des patients de manière inappropriée.
Conseils pour les patients et les soignants
- Faire preuve d’ouverture et favoriser sa participation lors des discussions de planification du congé, et examiner attentivement les options présentées.
- Reconnaître qu’il n’est pas dans l’intérêt du patient de rester dans un hôpital de soins actifs dans l’attente d’un placement dans un FSLD s’il existe d’autres solutions sécuritaires.
- Choisir le plus de FSLD possible. Il est possible de séjourner dans un FSLD en attendant d’obtenir une place dans un des autres foyers choisis et on accordera une priorité élevée au foyer de prédilection.
- Énoncer ses priorités, ou celles de l’être cher, au coordonnateur des services de santé du RLISS. Le coordonnateur des services de santé peut offrir de l’aide à l’établissement d’une liste de foyers qui correspondent le mieux aux besoins précisés.
- Si les échanges sont difficiles à comprendre, ne pas hésiter à demander des explications ou à renvoyer ses préoccupations au représentant des relations avec les patients de l’hôpital ou du RLISS.
Suggestions pour les OSS
- Passer en revue les politiques de planification de congé et des communications afin de vérifier que ces documents sont clairs et nets, conformes à la loi et centrés sur l’intérêt supérieur des patients.
- Reconnaître que, bien qu’il serait préférable de mener les évaluations des capacités fonctionnelles en milieu communautaire pour certains patients en vue d’un placement dans un FSLD, le retour à domicile en toute sécurité n’est pas envisageable pour tous les patients.
- Amorcer le processus de demande et de consultation lors du séjour à l’hôpital peut accélérer le processus de congé et de placement.
- Veiller à ce que les destinations lors de la mise en congé soient sécuritaires en fonction de l’état de santé du patient et des soutiens dont il dispose. Même si les patients et les familles sont responsables du processus de placement en FSLD, il incombe aux hôpitaux d’assurer un congé d’hôpital sécuritaire.
- Garder à l’esprit que les patients et familles prennent des décisions difficiles et lourdes de conséquences. Ces gens doivent se sentir sûrs de prendre les meilleures décisions pour eux-mêmes et leurs êtres chers.